iGitan

mardi, mai 08, 2007

Oslo, mardi 8 mai 2007 20h30

On dirait vraiment que je fais 4 voyages en un! Apres l'expansive et la volubile France, apres la Pologne et ses gris souvenirs et son colore present, apres Budapest et sa grandiloquence, voici la belle et maritime Norvege avec Oslo. Autant l'arrivee a Budapest avait ete vaguement ardue, autant la venue a Oslo a ete fluide, limpide, facile: avion pile-poil a l'heure, train dedie au transfert entre aeroport et gare centrale d'Oslo comme s'il etait fait d'hier, propre et silencieux et rapide, et trouver la chambre ou je gite a ete l'affaire de 2 coins de rues a traverser a partir de la gare.

Et encore ici, comme a Budapest, contre toute attente et contre tout monsieur meteo, il a fait ici une superbe journee de soleil et de ciel bleu garni de beaux gros cumulus bien gras qui ne faisaient qu'embellir l'horizon du fjord d'Oslo ou je suis alle, ce matin, faire la croisiere pendant 2 belles heures. Vous me direz que ca me coute bien cher et que le fjord du Saguenay est aussi beau. C'est vrai et puis apres! Grande visite aussi au Nobel Peace Center. J'ai appris que c'est d'ici que s'attribue le prix Nobel de la paix a chaque annee. La question qui tue, comme dirait l'autre: comment ca se fait que tous les prix Nobel de la Paix sont toujours pognes avec des problemes de guerre et de violence?

On dit que l'argent n'a pas d'odeur. Mais j'imagine que s'il en avait une, ca sentirait Oslo! Fiou, j'ai l'impression qu'ici on a remplace toutes nos Toyoyas Echo par des Alfa-Romeo, Audi, BMW et autres bagnoles a quatre roues. Ca coute cher, mettons. Quelle onereuse surprise j'ai eu hier soir de voir que le minuscule verre de vin pour accompagner mon plat de legumes a l'indienne avec riz basmati, demandait le prix majuscule de 55 couronnes norvegiennes. Mes ami(e)s Quebecois(e)s, divisez par 5, a peu pres!

Alors imaginez, c'est pas different pour Internet, alors je coupe sec sans me relire et en vous gratifiant de mes fautes d'orthographe et de frappe...

dimanche, mai 06, 2007

Budapest, dimanche 6 mai 2007 - 17h43

Eh bien, contre toute attente, alors que vendredi soir on annoncait sur Budapest, du temps maussade avec des "pluies orageuses", les 2 journees ici ont ete tres semblables, avec humidite et brouillard, le matin, mais qui se dissipait a mesure que la journee avancait pour, finalement jouir d'un agreable et chaud soleil intermittent (enfin, vous savez bien que le soleil n'est pas intermittent, il est a temps plein, mais les intermittences etaient plutot ces nuages qui s'interposaient temporairement). Bref, je n'ai eu droit, hier soir, au moment de sortir pour manger dans un petit restaurant style "Routard", qu'a quelques gouttes de pluie. Meme chose ce dimanche, pas encore vu la pluie, meme si le ciel y est invitant.

Bref, hier longues longues marches dans la grande grande Budapest, je dis grande dans tous les sens du terme, par sa superficie d'abord (que le souvenir de mon premier passage ici en 1998 gardait plus petite, pour elle n'en finit plus t'etirer sa toile d'araignees dans des avenues immenses), et grande aussi par toutes les richesses et extravagances et architectures et tout ceci-cela qu'on y rencontre. Mais mon coup de coeur reste de marcher sur le Pont des Chaines et de regarder couler le Danube sous mes pieds. J'ai donc revu avec bonheur la colline de Buda, sur la rive gauche du fleuve, avec ses rues plus tranquilles, relativement, que dans le quartier Pest sur la rive droite avec ses rues commerciales agitees. Aujourd'hui en ce beau dimanche, j'ai eu droit a un cours d'histoire hongroise avec nulle autre que la "Queen Matyas", Anna, qui porte le meme nom de famille que le premier et tres venere "King Matyas: (15e siecle). J"avais connu Anna lors de mes 2 annees de travail en Suisse (Basel) et on y prenait plaisir a vagabonder sur les rives du Rhin en philosophant sur rien ou sur tout, parfois sur les deux... J'ai ete ravi de la revoir ici et de recidiver sur les rives de "son" fleuve. Encore une heure et on refaisait le monde.

Maintenant la soiree est jeune, Anna est rentree voir son frere qu'elle n'a pas vu depuis 2 ans, et moi je pense que je vais aller verifier qui de Niko ou de Sego fera baver nos ami(e)s Francais dans les prochaines annees. Je pars tres tot demain matin (5h45 de l'appartement) pour mon vol vers Oslo. Alors on se voit en Norvege.

samedi, mai 05, 2007

Budapest, samedi 5 mai 2007 - 9h17

Que dire pour revenir un peu sur les recents jours? D'abord, la visite a Auschwitz: curieusement, l'emotion n'est pas aussi intense que prevue! Peut-etre le trop plein de monde, peut-etre l'impression d'etre dans un decor surrealiste, peut-etre la pensee impuissante a imaginer la realite de tout cela. En revenant dans le bus bonde en fin d'apres-midi, debout et coince de toutes parts par des gens blemes et ravis, j'imaginais un peu, et tres mal surement, ce que ca avait du etre, dans un chariot a bestiaux sur des milliers de kilometres et sans eau ni nourriture. Et quel sens de l'organisation dans ce camp!!! Les voies ferrees menent directement entre deux chambres a gaz et fours crematoires, ca fait moins long a marcher pour les nouveaux arrivants deja sur leur prochain depart. Bref, comme disait Albert Einstein:"Il y a 2 choses qui sont infinies: l'univers et la betise humaine. Pour l'univers, je n'en suis pas certain...".

Dernier jour a Cracovie: visite de l'ancienne mine de sel de Wieliczka (700 et quelques marches a descendre sous 137 metres de profondeur). Puis l'apres-midi, passage dans Kasimierz, le quartier juif de Cracovie, ou ont ete tournees plusieurs parties du fil "La liste de Schindler" (Laurie, tu aurais adore ;-=)).

Hier, journee "off" si je peux dire: nombreuses heures de train, escale un peu longue dans une gare assez sordide et fort affreusement graffitee, a Breclav (en Republique Tcheque). Et enfin, arrivee memorable a Budapest, a 18h20, en pleine heure de pointe. Et pour couronner le tout, une mauvaise adresse qu'on m'avait donnee sur Internet pour l'appartement que j'avais reserve. J'etais bien sur la bonne rue (Oktober 6 utca), mais le numero 39 n'existe pas! Il est 19h, la responsable de l'appartement m'attendait pour 19h. J'accoste (pour la noble cause) une jolie jeune fille aux jolis yeux bleus, elle parle anglais (musique a mes oreilles, cette fois-la) et m'aide genereusement, me conduit chez une agence de voyage, me sert d'interprete, le monsieur fait appels sur appels pour enfin rejoindre la dame Bernadett (qui etait bien la a 19h au numero de rue inconnu de moi). Elle me rejoint donc vers 20h20 et repars avec mes euros et me laisse le soulagement. Hakuna Matata!

Alors demain, Buda et Best, separes en leur milieu par le beau Danube. A suivre.

mercredi, mai 02, 2007

Auschwitz, le 24 juillet 1943

Je m'appellerai Klaus. En d'autres temps ou il aurait ete plus leger a porter, j'ai le lourd fardeau d'annees egal a celui de mes doigts de pieds et de mains, Qu'est-ce que je viens encore de faire? Je l'ai encore fait ! J'ai encore ouvert cette porte et l'ai refermee sur des centaines de peaux amincies par l'abus. C'etait qui, cette femme aux yeux de supplique? C'etait qui, cette enfant aux yeux de ne pas savoir? C'etait qui, cet homme aux yeux de trop savoir? Qui sont-ils/elles tous/toutes? Qui etaient-ils/elles tous/toutes? Trop tard pour apprendre.

Je ne sais presque rien de celui d'ou exhalent les ordres. Je crois qu'il s'appelle Rodolphe. Ou est-ce Adolphe? Mon compagnon d'uniforme, de l'autre cote de cette chambre a cyclone, que sait-il de moi? Moi j'ouvre la porte par quoi tout commence, lui l'ouvre quand tout es fini. Qui a le plus "beau" travail qui rend libre? On ferme tout ce qu'on a de sentiment, yeux et coeur y compris. Lui, de l'autre cote, pense-t-il comme moi qu'il faudrait qu'un jour on dise non, qu'on cesse cela, qu'on lache vite. Sans doute ne le ferons-nous jamais par peur de nous retrouver a notre tour de l'autre cote de ces portes. La peur de la mort, vous savez, ca justifie bien des croyances.

Tiens, on annonce l'arrivee d'un nouveau train en cargaison de squelettes. Scheiss! Qu'est-ce que je fais, je dis non? Ah et puis, schnell! A l'ouvrage.

mardi, mai 01, 2007

Cracovie, mardi 1er mai 2007

Je savais deja que, partout ou je passe, j'attire les travaux de restauration (ca doit etre a cause de ma figure ravagee... je le dis avant qu'on me le suggere...), mais j'ignorais que j'attirais aussi les vacances. Ca doit etre mon statut de nouveau retraite. (A propos, pour mes ami(e)s de la CSST, sachez que depuis le 20 avril, je suis officiellement retire de votre liste de paie). Bref, pour les 2 semaines passees en France, tous les Francais, a tour de role, etaient en conge de Paques et ca durait une semaine. Ben ici, en Pologne, ils sont depuis samedi dernier, dans ce qu'ils appellent "un long week-end", et ca dure 9 jours. Pas besoin de detailler longtemps la quantite de personnes que ca jette sur la magnifique grande place centrale de Cracovie.

Pourtant apres St-Pierre de Rome... Chaque fois, je pense avoir vu le plus extravagant (ou le plus pieux, ou le plus saint, ou le plus - appelez-ca comme vous voudrez-) en matiere d'eglises et de religiosite. Aussi bien de resumer ma journee en disant que j'ai eu une surdose de statues et de tombes et de Christ en croix et de saintes attristees, et de Vierge Marie, et de dorures et de marbres, et de Karol Wojtyla par ci et de Jean-Paul 2 par la. Moi qui donne assez peu souvent dans les choses de Dieu (ou peut-etre avec mes doutes, y donnai-je tout autant que le croyant. J'aime repeter qu'en ce domaine, je ne sais rien). Bref, demain on change de registre, je vais voir ce qui se rapproche le plus du diable (doutes ici aussi hein), alors que je vais a Auschwitz. D'evidence je ne rencontrerai pas GILA car aux dernieres nouvelles, il etait passe, un bref temps, par Treblinka...

dimanche, avril 29, 2007


Varsovie, le 23 juillet 1942

Je m'appellerai Gila. Peut-etre j'etais un garcon, peut-etre j'etais une fille. En tous cas, c'est un des deux. Je ne savais pas compter, mais je crois que mon age se comptait sur les doigts d'une main, peut-etre de deux mains. En tous cas, pas plus que deux et, de toutes facons, c'est tout ce que j'ai, de mains. C'etait chaleur et soleil, je crois. On m'avait enveloppe de centaines de grandes personnes ensardinees dans un chariot qu'on aurait dit a betail. C'etait a Umschalgplatz. C'etait peut-etre la main de ma mere que je tenais. C'etait peut-etre la main de mon pere que je tenais. En tous cas, un des deux, j'espere. Peut-etre aucun des deux, je crains. De ma basse grandeur, c'etait difficile de voir les visages des grands, je ne voyais que des genoux et des cuisses. Puis il y eut du bruit. Je ne sais si ce sont les ebranlements du chariot qui part ou des humains entasses qui crient. Surement ce sont les deux. Je tremble en tous cas. Je ne me souviens d'aucune musique dans ma tete. Chopin ne se jouait pas ce jour-la. Juste le bruit de l'ecroulement de mes grands espoirs de petit, juste le bruit de l'ecroulement des petits espoirs des grands. En tous cas, des deux. Puis apres, je ne sais plus. Qu'est-ce que ca sent? Rien, je crois, puis on aurait dit une odeur de chair qui roussit. Puis plus rien. J'aurais pu etre un temoin vivant parlant de mon temps de 1942, je ne suis qu'un temoin mort silencieux chuchotant de son temps de 1942. Peut-etre les deux. J'aurais tant aime marcher, courir et voler, peut-etre les trois. On m'avait parle que j'irais au paradis ou en enfer. Peut-etre les deux. Passer par l'enfer pour aller au paradis. Peut-etre les deux, peut-etre aucun des deux. Mais bon, la Vie, la mort. C'est toujours un peu des deux.

samedi, avril 28, 2007


Varsovie, Pologne, samedi 28 avril 2007

Bon me voila. Vous pouvez etre sur que je n'aurai pas d'accent, ni francais, ni polonais, ni hongrois, ni norvegien, en revenant de ce voyage. D'ailleurs, meme ce clavier n'a pas d'accent, ou peut-etre que oui, mais le bruit du samedi soir dans ce cafe Internet du Rynek Starego ne m'invite pas tellement a rechercher longtemps. Alors faut faire sans les accents et lire comme vous pouvez.

Bref, je ne reviens pas pour l'instant sur les 2 semaines en France, trop de choses a ecrire et le bruit enterre presque mes pensees, alors je me depeche.

Alors donc, Esther est rentree, sauve et saine, le jeudi 26 avril. Et moi je suis ici a Varsovie, depuis vendredi le 27 avril 2007. Le premier choc est un peu brutal, mais la premiere vue sur la place Rynek Starego me concilie une fois pour toute avec Varsovie. Et qui plus est, l'appartement que j'ai loue a, comme on dit, "pignon sur rue" sur cette magnifique place et, de ma chambre, j'ai une belle vue sur la Vistule. Les facades de cette place, dite "vieille" mais en fait, reconstruite de toutes pieces (en preservant l'architecture originale) apres sa destruction quasi-totale en certaines sombres annees connues sous 39-45. Les facades sont si belles et propres qu'on en dirait des "trompe l'oeil".

Premiere demarche importante aujourd'hui: ne pas me faire faire par la PKP le coup de la SNCF (je raconterai un autre jour) et j'ai vite deja reserve mon billet pour Cracovie (30 avril) et pour Budapest (4 mai). Et aujourd'hui j'ai marche le marathon, des tonnes d'asphalte et des milliers de paves sont passees sous mes chaussures. Comme cela ne saurait surprendre personne, il y a un certain Jean-Paul qui placarde les nombreuses eglises ici. J'ai vraiment la tete trop pleine, a la fois des images du jour et du bruit ambiant, pour poursuivre plus longuement ce bavardage. Demain, je visite les quelques centaines de milliers de Juifs sortis de leur ghetto pour un monde peut-etre pas meilleur ou peut-etre que oui. Je l'sais-tu, moe.

A suivre
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